paysage surnaturel

De nos jours, le surnaturel fascine toujours autant. Après la chute des idéologies matérialistes au cours du 20e siècle, et la déception des espoirs de bonheur grâce aux seuls progrès de la technique, le crédit accordé à la science rationnelle a subi une éclipse relative. Elle n’est pas aussi toute puissante qu’on le croyait.

On croit encore à la science, là où elle est évidemment efficace et incontournable, mais on sait aujourd’hui qu’elle ne sait pas tout, qu’elle ne peut pas tout, et qu’elle reste impuissante à expliquer de nombreuses choses. D’où le succès de ce qu’on appelle, un peu globalement, ” l’irrationnel ” des médecines parallèles, des techniques de divination, de l’astrologie karmique, du spiritisme instrumental…

Comme témoins de cette grande vague d’intérêt, dans un monde d’humains en quête de sens et de remèdes à leur mal-être, on citera la masse d’informations médiatisées, les conférences sur tous les thèmes possibles, les congrès de voyance, les revues spécialisées où se déploie une tapageuse publicité invitant à ” découvrir ” le merveilleux, à participer à des séminaires d’initiation, à des stages de perfectionnement et où l’on pourra consulter les meilleurs spécialistes qui maîtriseraient toute la connaissance et les pouvoirs dont on peut rêver.

En réalité, le “surnaturel » ressemble à un marché persan bruyant, où la foule se presse, attirée par des bonimenteurs engageants ou des publicités plus discrètes, mais où il est bien difficile de démêler l’authentique de l’illusoire – voire de l’imposture.

En réalité, personne ne peut donner l’explication réelle, « scientifique », des faits étranges.

Alors qu’une partie du monde scientifique refuse encore de prendre en considération les faits “surnaturels”, la Théosophie nous invite à en faire l’inventaire et à en rechercher l’explication dans le cadre général de ses doctrines.

Ici, cependant, il faut résolument adopter une approche complètement différente de tous ces phénomènes et des pouvoirs mis en action par ceux qui les produisent. Les phénomènes apparaissent dans le champ du visible, du perceptible, mais leur genèse se produit dans l’invisible, l’imperceptible – dans les coulisses de ce monde où s’exerce la science courante. C’est dans ces coulisses qu’il faudrait pouvoir entrer, pour avoir une vision exacte et scientifique de ces faits.

N.B. C’est le refus obstiné de postuler de telles coulisses invisibles qui maintient les observateurs scientifiques dans leur scepticisme obtus, et les conduit à déclarer d’avance impossibles les phénomènes surnaturels.

Les hommes ont pourtant vécu depuis toujours dans le voisinage du surnaturel, sous l’influence des religions, ou simplement par l’exercice de pouvoirs innés – particulièrement exprimés chez certains : médiums, shamans, sorciers, guérisseurs…

Toutes les civilisations ont eu leurs grands mages dont les pouvoirs n’ont jamais été expliqués scientifiquement mais ont été attribués un peu aveuglément à Dieu, à Satan et à d’autres démons.

L’essor de la science moderne a relégué la croyance au surnaturel au rang des superstitions, et disposé les tenants de cette science – “naturelle” à 100% – à ridiculiser les adeptes de l’occulte, tout en flairant partout la supercherie et l’imposture visant à exploiter facilement les gogos.

Une frange de scientifiques se préoccupe cependant – depuis au moins le 19e siècle – de faire une étude aussi objective que possible des phénomènes étranges. La parapsychologie est née ainsi, et elle a acquis ses lettres de noblesse, face au mépris et à l’ignorance entretenus par le reste de la communauté scientifique. Le travail accompli par ces chercheurs a le grand mérite d’avoir explorer un domaine difficile d’accès, mais l’acquis est essentiel : il existe bien des pouvoirs paranormaux.

Approche universelle du sujet

C’est la démarche de Mme Blavatsky dans Isis dévoilée. Avant d’évoquer les pouvoirs tels que clairvoyance, médiumnité, sorcellerie…, elle pose des vérités universelles :

” Il n’y a pas de miracle ” – donc rien de vraiment surnaturel : tout doit pouvoir s’expliquer, à condition d’élargir le champ de vision et d’expérience de la science.
La Nature ne se limite pas à ce qu’on en perçoit avec les sens. Chose essentielle, c’est une Unité – une Unité triple, comportant 3 aspects, paraissant distincts mais, en réalité, étroitement interpénétrés ou en interaction profonde.
Cette Unité est maintenue en cohésion dans son dynamisme par une ” loi éternelle, immuable, toujours active ” .
On peut évoquer les 3 aspects essentiels de cette Nature. Symboliquement :

l’aspect Terre- visible, objectif,
l’aspect Lune- invisible, intérieur (souvent appelé “astral”) = les coulisses immédiates de la nature visible, dont les ficelles sont tirées, ou actionnées, par un foisonnement d’énergies et d’images qui donnent forme et vie aux réalités objectives de la scène terrestre.
l’aspect Soleil- source invisible et éternelle de toute énergie, foyer vivant de toute impulsion et de toute loi animant et gouvernant les opérations des 2 aspects inférieurs.
L’Unité fonctionnelle de cet ensemble est une chose essentielle à retenir : le monde ne serait pas un cosmos, une structure vivante ordonnée et harmonieuse dans son dynamisme évolutif, sans cette Unité à la base.

Pour la Théosophie, il y a bien, à l’origine même d’un Univers, une impulsion initiale, jouant le rôle de Cause Première, un Pouvoir unique dont la force créatrice est identifiée à Kâma – le Désir primitif, en Inde – et à Eros, en Grèce. C’est la ” Force de l’Esprit en action “, qui n’est pas chaotique mais, au contraire, exprime ce qu’on pourrait appeler la ” Volonté Divine originelle “, qui lance et soutient le déploiement des mondes sur la base d’un programme ordonné (impliquant l’expérience acquise au cours de la vie d’univers précédents, depuis longtemps disparus).

À partir de l’Unité de départ, l’extraordinaire multiplicité des êtres se met à l’œuvre sur tous les niveaux, et se trouve engagée dans le grand flux de l’évolution des formes et des consciences, chacun de ces êtres occupant la place karmique (conforme à la loi de karma, ou de causalité universelle) qui lui revient, dans le concert de cette collectivité dont l’Unité est constamment maintenue, par l’effet des Lois qui règlent la vie de cet Univers.

Dans cette harmonie, soutenue par le Pouvoir du Grand Souffle de la Vie et de la Conscience Intelligente, les êtres ne sont jamais séparés, isolés les uns des autres. Ils sont hiérarchisés dans tout le cosmos en légions vivantes, qui ont toutes un rôle à jouer dans l’équilibre écologique de l’ensemble.

N.B. La Théosophie emploie plus volontiers le terme de hiérarchie pour désigner les légions particulières d’êtres remplissant un rôle donné dans l’économie d’un système solaire. Le mot légion rappelle le sanskrit gana = troupe, multitude, formant un corps constitué, une armée, alors que hiérarchie suppose aussi un grand ensemble de personnes, mais, cette fois, organisé selon une pyramide, depuis un chef suprême jusqu’au simple exécutant. (En Théosophie, il n’y a pas de Dieu créateur personnel).

La face cachée de la matière

Le physicien Jean Charon a fait l’hypothèse de l’existence d’une face cachée de la matière, qui ne serait autre qu’une forme de conscience : c’est ce qu’il a appelé globalement Psychomatière.

Or, qu’arrive-t-il à un électron (par exemple), placé au temps zéro dans le champ des influences de l’Univers ?

il émet une onde (à vitesse infinie) qui explore tout l’univers et en recueille l’écho complet, immédiatement ;
il compare la totalité du message reçu (définissant les conditions initiales de sa situation dans l’univers) au contenu de sa mémoire;
dans les limites tracées par l’univers et sa propre loi d’action (en tant qu’électron), il choisit une action, une trajectoire, parmi d’autres ; et il l’exécute.
il enregistre en mémoire le contenu de toutes ses interactions avec les autres particules, avec les choix qu’il a faits chaque fois, et ainsi gagne en expérience.
Aussi « échevelé » que paraisse ce discours, on a bien reconnu l’intervention des divers pouvoirs évoqués plus haut, de la mémoire, de la conscience, et des choix possibles compte tenu des conditions imposées, avec le jeu du ” libre-arbitre ” dans les limites strictes de la Loi.

Avec la perspective de l’évolution de l’électron vers des degrés plus élevés de conscience… on rêve de Théosophie, à l’heure scientifique du 21e siècle.

L’intérêt de tout ce qui précède apparaît si on songe que tous les aspects de notre monde manifesté sont concernés (” Terre ” et ” Lune ” sont peuplées d’entités équipées, à leur échelle, de pouvoirs et d’instruments ayant des fonctions analogues), et que l’homme – miroir de l’Univers – concentre en lui-même, au moins potentiellement la totalité de ces capacités de perception et d’action, en principe, sans aucune limitation d’espace ou de temps, avec le supplément d’efficacité dû à sa conscience éveillée.

Avant de quitter l’universel, il faut évoquer la Grande Mémoire de la Nature, qui conserve l’information de toute l’histoire des êtres peuplant la ” Terre ” et la ” Lune “, dans le temps et l’espace, et contient la trace de la situation présente, ainsi que du futur en marche, déterminé par le jeu complexe des causes du passé. C’est la Lumière Astrale, popularisée par Éliphas Lévi, au 19° siècle, que l’on peut atteindre dans le côté ” lunaire ” de la Nature.

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À cette mémoire historique correspond, du côté solaire, ce que la Théosophie appelle d’un terme sanskrit, l’Âkasha, qui a une dimension éternelle et contient les causes immuables et les archétypes qui se projettent périodiquement dans le domaine de la manifestation universelle.

Si la Lumière astrale est comme la matrice lunaire de toutes les formes et événements qui se déploient dans le ” concret ” (lunaire et terrestre), l’Âkasha est comme le Livre éternel de Vie, où reposent les germes idéaux de toutes les formes qui viendront un jour à se construire, et, sans doute aussi, l’orientation des Grands Cycles qui rythment la pulsation des Univers.

La place particulière de l’homme dans l’économie de l’Univers

L’idée de l’hypothèse anthropique n’est pas pour déplaire aux théosophes, mais elle demande à être précisée : il se trouve bien, en effet, que tout était comme calculé dès le début, pour permettre l’apparition de l’homme, mais il faut ajouter beaucoup d’éléments au tableau des conditions initiales et au déroulement du programme de l’évolution conduisant à l’éveil de la conscience humaine.

Pour résumer : le projet de l’homme ou, si l’on préfère, l’ensemble des processus qui ont servi à le construire, a été, en quelque sorte, au centre des opérations naturelles qui ont assuré l’involution de l’Esprit dans la matière.

L’apparition de l’homme, sur la terre en formation, était projetée dès le début. Un lent processus de construction a permis d’élaborer sa forme, d’abord longtemps astrale (lunaire), puis physique, au plus bas du cycle descendant.

Comme être astral conscient (mais non soi-conscient, donc privé d’intelligence et d’affections humaines), il jouissait de sens de perception et d’organes d’action astraux – comme une sorte d’animal obéissant à l’impulsion naturelle et à l’instinct propre à son espèce particulière.

La situation a changé assez radicalement lorsque la légion des Pères spirituels de l’humanité (collectivement évoqués dans les mythes antiques de Prométhée, de Lucifer, ou des Anges Déchus) a pris en charge ces êtres incomplets – hommes en apparence, mais sans mental – pour éveiller en eux les principes vraiment humains leur assurant le libre-arbitre et la capacité de prendre en main leur propre évolution.

Il est question dans la Théosophie d’une incarnation de ces grands Éveilleurs dans les hommes de cet Âge d’Or. Pour ces derniers, la science de leurs parents était innée en eux : “Ces enfants du Ciel et de la Terre étaient pourvus, à leur naissance, de facultés extraordinaires, morales et physiques, par les pouvoirs souverains – les auteurs de leur existence. Les secrets du ciel, de la terre, de la mer – du monde entier – étaient à leur portée… Enfants innocents, ils vivaient dans une ambiance magique.

À ce moment (qui s’est prolongé pendant des milliers d’années), l’homme, en osmose avec son parent divin, jouissait d’un sens spirituel central : le Troisième Œil, ouvrant sur la plus haute clairvoyance universelle. Il percevait naturellement l’unité de la famille humaine avec ses progéniteurs, et éprouvait pour eux une intense dévotion, reflet de l’amour compassion de ces aînés, dont le sacrifice avait permis l’éveil de la soi-conscience.

Avec le temps, l’incarnation progressive dans le monde matériel, dans des corps devenus physiques et le développement d’une personnalité séparée, obligée à vivre sa vie indépendante sur terre, ont produit une régression du sens spirituel, un développement des sens physiques et, concurremment, une régression de l’activité des sens intérieurs en rapport avec le monde astral de la lune.

Finalement, avec le temps, l’enfoncement dans la matière physique a enfermé l’homme dans un monde coupé de l’Esprit, et des Etres solaires, et même des moyens d’intercommunication avec l’astral. Il n’y avait plus, comme réalité tangible, que l’univers physique, avec ses jouissances et ses douleurs, mobilisant presque entièrement le mental-désir de la personnalité incarnée, limité à l’histoire linéaire de son Moi, et ne retrouvant le spirituel que dans le sommeil profond ou la mort, ou dans la voix de la conscience et le réveil des grandes idées innées restées imprimées au fond des âmes pour servir, dans une certaine mesure, d’ instinct spirituel programmant la démarche humaine dans le sens de la participation à l’harmonie universelle.

Dans l’économie de l’Univers, l’homme a sa place marquée

Comme miroir de cet Univers, il doit faire la synthèse en lui-même de tous les pouvoirs de toutes les hiérarchies d’êtres, au point de parvenir à devenir un allié conscient, intelligent et actif de toute la Nature, afin de participer à son tour au développement et à la réussite de ses programmes évolutifs – dans la succession infinie des expériences de la Vie qui ont pour théâtres les Univers.

L’homme est bien ici-bas pour incarner le Divin qu’il porte en lui-même, dont il est une émanation qu’il doit rendre de plus en plus parfaite.

Cela revient à dire que l’homme est lié à la Grande Nature par une sorte de contrat sur l’honneur.

Tous les pouvoirs qui existent entre Ciel et Terre sont potentiellement disponibles, à condition de les mettre au service du projet ou de la mission qui revient en propre à l’être humain : cette motivation devra être prise en considération lorsqu’on se préoccupera de développer les pouvoirs.

Par ailleurs, la Nature souveraine procède toujours pour mettre en place les conditions permettant à l’intelligence humaine de prendre le relais de l’impulsion naturelle; l’arc ascendant s’est amorcé après le point médian marquant le maximum de densification de la matière – le flux de la marée de vie tend désormais à remonter vers l’Esprit, en parcourant en sens inverse les stades et degrés de matière expérimentés au cours de la descente. Ce qui laisse prévoir un dégagement progressif de la conscience humaine des limitations du corps physique, en s’élevant ainsi, par des niveaux de plus en plus éthérés, jusqu’à la pleine réintégration au plan de l’Esprit.

Dans cette dynamique programmée, les sens astraux, encore latents dans la majorité des gens, ont tendance à se réactiver progressivement dès maintenant.

On constate bien, chez certaines personnes, ce genre de réveil, généralement limité et accidentel – dans des phénomènes isolés de clairvoyance, prémonition, transmission de pensée – avec cependant, chez certains, des manifestations plus régulières de pouvoirs psychiques, à relier sans doute à un effort délibéré, fait dans ce sens dans des vies antérieures. On dirait d’ailleurs qu’il y a des périodes cycliques où ces cas semblent spécialement se multiplier (comme dans la vague impressionnante de spiritisme, dans la 2e moitié du 19e siècle).

Malheureusement, les sens psychiques, liés au monde lunaire, sont bien plus faciles à réveiller que le 3ième Œil, et les sens spirituels, à portée universelle. Une des raisons en est que le progrès moral (qui est une condition indispensable pour permettre au spirituel de se manifester) n’a pas suivi le développement du mental et l’affinement des sens physiques, orientés vers la jouissance des sensations du monde.

La marée ascendante des phénomènes psychiques, ” sensationnels “, tend à noyer le flux d’aspirations à l’expérience spirituelle (qui se fait également sentir actuellement) – d’où la confusion des valeurs que l’on peut constater souvent : il n’y a rien de spirituel dans la plupart des manifestations paranormales, mais il est souvent tentant de les attribuer à l’Esprit.

Le sens de l’évolution va vers une prise de conscience de plus en plus grande de l’enjeu de l’expérience humain – une ouverture de notre conscience personnelle à la réalité de notre Alter Ego spirituel, et aux injonctions de la Volonté générale de la Nature. Ainsi, le spirituel devrait devenir de plus en plus le pôle central de toute démarche humaine – l’ ” Universel “, l’ ” Éternel “, s’imposant parallèlement, comme des critères de plus en plus exigeants, et non le physique ou le psychique, qui appartiennent à l’impermanent, voire à l’illusoire – en tout cas, au provisoire.

Il faut s’attendre à ce que l’évolution nous fasse repasser par l’astral, avec un développement complet des sens psychiques correspondants : le danger de retomber dans la magie, ou la sorcellerie, pourrait bien nous menacer à nouveau, si nous ne faisions pas tous les efforts nécessaires pour réaffirmer notre alliance avec les Parents divins qui nous ont éveillés à la stature d’hommes, et, à travers eux, avec l’Esprit universel, ou le Soleil spirituel central, dont nous sommes des rayons vivants.

Les pouvoirs psychiques et leur champ d’action

1. Pouvoirs de perception extra-sensorielle

Les faits de la transcommunication instrumentale où des morts semblent communiquer directement avec les vivants (par l’intermédiaire des appareils modernes – téléphone, magnétophone, télévision, etc.) ne relèvent pas de cet article axé sur les pouvoirs dont les humains sont les canaux essentiels.

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Les pouvoirs de P.E.S. sont très nombreux, et assez répandus parmi les hommes et même les animaux. Ils opèrent sans l’aide initiale des sens et organes du corps, d’où leur appellation.

Ils permettent de saisir de l’information à distance, ou en des sites hors de portée des sens et du mental ordinaires.

Selon les cas, les données saisies appartiennent au présent, au passé, voire à un futur parfois assez lointain.

La manifestation de ces pouvoirs est très variable selon les sujets :
– Dans un état de conscience ” ordinaire “, ou plus ou moins modifié, transe…
– Rare, fréquente…. presque constante,
– Spontanée, subie… ou exercée à volonté,
– Sans raison inductrice apparente, ou induite par une personne, un paysage, un objet.

La manifestation de ces pouvoirs a un caractère toujours étonnant, insolite, apaisant ou terrifiant, selon le contenu de la perception reçue. Ils sont toujours dérangeants pour les témoins habitués au monde ” normal “. En règle générale, il faut soigneusement distinguer :

a – le constat des faits expérimentaux (pas toujours aisé à établir très objectivement, pour éliminer la fraude possible, ou simplement les exagérations, ou distorsions, introduites par la subjectivité des sujets ou des témoins).

b – les tentatives d’explication, et leur degré de crédibilité, selon la grille de lecture ou d’interprétation utilisée (réaliste, imaginée sur la base des apparences, avec des prétentions “scientifiques”)

L’optique théosophique n’a rien d’une spéculation intellectuelle. Elle est proposée par des Maîtres Initiés qui ont développé en eux-mêmes des moyens d’observation objective de tous les phénomènes possibles dans ce domaine, avec la capacité de les reproduire à volonté, en conservant le plein contrôle d’eux-mêmes et des forces qu’ils mettent en jeu pour les produire.

À l’opposé, les sujets plus ou moins sensitifs, font des expériences très variables, parfois nulles ou médiocres, parfois exceptionnelles, sans jamais avoir la certitude de la véracité complète de leur perception.

Ils ont assez souvent besoin de conditions préférentielles, ou d’objets choisis et de supports pour stimuler leur pouvoir, comme le pendule du sourcier, la boule de cristal de la voyante, le marc de café etc. Un adepte chevronné n’a besoin ni d’un cadre spécial, ni d’aucun de ces artifices pour exercer ses pouvoirs.

D’une façon générale, l’information captée a un caractère dominant, parfois combiné à d’autres, plus ou moins marqués ; on peut ainsi avoir des images visuelles et/ou auditives – ou uniquement auditives ou des messages mentaux, accompagnés ou non d’informations visuelles ou auditives.

Selon les cas, on parlera de clairvoyance, de clairaudience, de prémonition, de transmission de pensée…

Manifestations et pouvoirs PSI

On peut aller des phénomènes les plus simples (vague prémonition d’un événement, sentiment de “déjà-vu”, lecture spontanée de la pensée d’un tiers…) jusqu’à des cas plus complexes : visions à distance, visions prémonitoires, visions du passé, découvertes de lieux ou de personnes par psychométrie etc.

L’hypnose peut être signalée aussi comme moyen de manifester chez un sujet certains pouvoirs PSI.

Par contre, l’astrologie n’a pas à être prise en compte dans l’examen des pouvoirs PSI, la numérologie non plus, ni aucune des ” sciences occultes ” qui n’exigent pas de posséder un pouvoir quelconque pour livrer leurs secrets.

Pouvoirs d’action sur la matière et les êtres vivants

Les parapsychologues emploient généralement le terme de psychokinèse pour recouvrir tous ces phénomènes où un sujet agit sur un objet matériel sans user de ses organes physiques. D’où le terme de ” pouvoir pK “, ou ” sujet pK “.

À la différence des pouvoirs PSI, qui sont assez fréquents mais difficilement contrôlables (en raison de leur caractère subjectif), les pouvoirs pK et apparentés sont plutôt rares, mais se prêtent plus volontiers à un contrôle scientifique.

Les exemples choisis (avec leurs explications théosophiques) peuvent s’ordonner comme suit, en distinguant les effets produits :

Par le sujet :

Sur la matière inerte : Déplacement ou lévitation d’objets, précipitation de messages écrits, apport ou transfert à distance d’objets, production d’images, sons, parfums, matérialisations, interpénétration d’objets durs.

Sur des êtres vivants : Croissance rapide d’un arbre à partir de la graine, soumission d’animaux sauvages, à l’aide de sons, de lumières…

Sur des êtres humains : Guérison par magnétisme.

Sur lui-même : Auto hypnose, lévitation, stigmates du mystique, invulnérabilité à l’impact de projectiles mortels, auto-hibernation du yogi enterré, insensibilisation du corps percé d’aiguilles, invisibilité du corps.

Par un médium en transe :

Phénomènes spirites multiples, matérialisations, transmissions de messages, poltergeist.

L’exercice de ces pouvoirs (rarement spontanés) demande généralement un effort de volonté.

Tous ces pouvoirs (PSI ou PK) n’ont rien de spirituel a priori. Ils peuvent être exercés, avec plus ou moins de succès, par diverses personnes – spirituelles, ordinaires, voir maléfiques comme les magiciens noirs, ou les sorciers.

L’éveil de ces pouvoirs : possibilités et dangers

S’il est vrai que tous les pouvoirs évoqués plus haut, aussi extraordinaires soient-ils, sont « naturels », latents chez tous les êtres humains, héréditaires pour certains, plus ou moins étendus selon les lieux et/ou les époques, il peut être possible de les éveiller, de les cultiver et de les maîtriser plus ou moins parfaitement par un entraînement adéquat et suivant des techniques convenables.

Pour l’adepte de la Magie la nature est l’alliée matérielle, l’élève et la servante du magicien.. C’est bien là la difficulté et le grand danger de l’éveil de ces pouvoirs. S’il s’agit de faire de la Nature une servante, le risque est de tomber en effet dans l’exercice de la magie noire qui peut entraîner un lourd karma. Ensuite, en tentant de maîtriser la Nature et ses forces cachées, l’apprenti (même bien intentionné) peut, s’il manque de connaissances nécessaires, ou s’il est sans guide pour le conduire et le protéger en cas de danger, déclencher des pouvoirs et des énergies qu’il ne peut pas maîtriser.

Un grand risque aussi est de tomber dans la fascination du « merveilleux ».
A ce propos, l’océan de Théosophie de Judge nous dit ceci :
” La médiumnité est pleine de dangers car, actuellement, la partie astrale de l’homme n’agit d’une manière normale que lorsqu’elle est unie au corps ; dans un avenir éloigné elle fonctionnera normalement sans corps, comme elle le faisait dans un passé lointain. Devenir médium implique une désorganisation physiologique et une désorganisation du système nerveux, car c’est par le système nerveux que se fait l’union entre les deux mondes. Dès que la porte est ouverte, toutes les forces inconnues s’y précipitent ; et, comme la partie la plus grossière de la nature est celle qui est la plus proche de nous, c’est elle qui nous affecte le plus.»

Tenter d’acquérir l’usage des pouvoirs psychiques par simple curiosité, ou pour des fins égoïstes est donc dangereux et la Théosophie met en garde contre la tentation de stimuler des pouvoirs non encore éveillés naturellement.

Nature des pouvoirs spirituels

La nature et la qualité du sujet est essentielle. A moins que l’intention ne soit tout à fait pure, le spirituel se transforme en psychique, agit sur le plan astral et des résultats terribles peuvent en résulter. Les pouvoirs et les forces de la nature animale peuvent être employés par les égoïstes et les êtres portés à la vengeance, comme par les natures généreuses et magnanimes ; le pouvoir et la force de l’esprit ne s’acquièrent que par ceux qui sont de cœur parfaitement pur, et c’est la magie divine.

Dans un sens, ces pouvoirs manifestent quelque chose de l’omniscience et de l’omnipotence du Soi supérieur rayonnant – ce qui suppose que tous les instruments de l’homme intérieur soient accordés à ce genre de pouvoirs.

Dans les phases les plus élevées de l’activité de la perception spirituelle, le corps physique est en catalepsie complète, le mental et l’astral inférieur paralysés ; seul l’Ego supérieur, avec l’aspect purifié de l’astral personnel, vibre à l’unisson avec la racine divine de l’être. Dans les phases moins sublimes, le sujet dirige son sens spirituel dans les plans de la plus haute clairvoyance qui n’a plus rien à voir avec l’histoire personnelle des individus, la divination et le psychisme – et il y puise les éléments de sagesse universelle, ou même les connaissances qu’il cherche à découvrir dans l’ordre divin.

Dans les phases plus communes, si quelque chose de l’omniscience peut filtrer par le canal de l’intuition, il arrive que la voix de l’Esprit se fasse entendre comme une révélation, ou un commandement, qui disperse tous les doutes, ou comme une lumière directrice (avec les déformations et distorsions qui risquent toujours de dévier le sens du message, par l’effet du psychisme encore mal discipliné).

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Dans l’être qui est entièrement ouvert à l’Esprit, toute démarche, toute utilisation des pouvoirs spirituels, est un acte d’amour universel ou de compassion, laquelle inspire l’imagination, et la foi.

Même si l’homme « éveillé » connaît les techniques, l’usage de pouvoirs universels comme le son (mantrika shakti, kundalini shakti) pour réaliser ses opérations magiques (qui passent par la sphère astrale pour produire des effets jusqu’au plan physique), il se pourrait bien que la maîtrise des pouvois, quand l’Adepte invoque le Soi supérieur, lui confère une sorte d’omnipotence, sans qu’il ait à connaître exactement les processus qui vont être mis en œuvre pour réaliser l’ordre qu’il donne : le pouvoir qui ” déplace les montagnes ” n’exige pas que l’opérateur sache exactement comment ces masses de matière vont se déplacer, l’opération se fera par les processus et les moyens propres à la Nature qui sait, elle, comment s’y prendre pour obéir .

Au niveau de l’homme ordinaire, les vrais pouvoirs spirituels sont hors de portée, mais toute action entreprise avec amour désintéressé, pour se rapprocher des autres, comprendre leurs problèmes, les aider et les éclairer, imite à son échelle la démarche du Sage, et est de nature à recevoir une réponse de l’être profond spirituel, l’Ego divin.

Il faut bien insister sur la différence évidente entre ces pouvoirs et les pouvoirs psychiques, que beaucoup ont tendance à prendre pour spirituels, dès lors que le sujet fait des expériences de lumière, joie, harmonie, etc. qui sont généralement encore du domaine psychique, parfois cependant d’un niveau assez élevé et pur.

Acquisition et développement des pouvoirs spirituels

Aucun des grands livres sacrés qui parlent de spiritualité ne commence par expliquer la manière d’acquérir des pouvoirs spirituels.

La lumière sur le sentier commence par des règles enjoignant de tuer l’ambition , le désir de vivre, de bien-être, de réconfort, le désir de sensation, surtout le sentiment de séparatisme et le désir de croissance; alors seulement est-il enseigné de ” désirer “, mais l’ objet désiré est intérieur : c’est la lumière qui seule peut guider l’aspirant.

Ce livre ne donne aucun secret de pouvoir spirituel à acquérir, mais définit la démarche spirituelle à suivre :

renoncer à tout ce qui enchaîne l’être humain à l’illusion de son moi séparé, à l’ignorance,
découvrir la source de toute inspiration capable de conduire en sûreté sur la voie
s’engager fermement sur la voie ainsi découverte.
La Bhagavad-Gîtâ n’enseigne pas non plus de techniques spirituelles. Elle s’adresse directement à ce qui peut jouer le rôle de héros désintéressé dans l’homme. La condition essentielle est de renoncer à tout projet personnel, de s’engager dans l’action sans espoir de récompense, et d’attacher son cœur et son mental à Krishna à tout instant, en faisant l’offrande de toute sa démarche, pour sauvegarder et maintenir ” l’ordre et la cohésion harmonieuse du cosmos “.

Cette entreprise, éclairée par une bhakti (dévotion) soutenue par une connaissance spirituelle, où l’optique universelle, englobant tous les êtres dans l’Unité, a remplacé les vues limitées de la religion classique ne manque pas de s’accompagner d’une réponse du Divin.
Lespouvoirs spirituels viennent spontanément, dans le cours du temps, à ceux qui adoptent la bonne attitude. C’est la réalisation de l’identité fondamentale des êtres avec soi-même, c’est la perception claire de l’unité de tout avec le Soi, c’est le renforcement ininterrompu du lien de conscience avec le Divin intérieur, la promesse de l’union finale avec lui, avec, tout le long du chemin, le soutien de ce Divin qui répond aux attentes spirituelles légitimes, en particulier, en détruisant les doutes et les obstacles intérieurs « par la lampe brillante du discernement et de la sagesse ».

On pourrait développer beaucoup ce thème de l’apparition et du développement des pouvoirs spirituels, à la lumière de la Gîtâ. La condition de cette profonde réponse du Divin tient au changement du centre de gravité de la conscience, accepté et librement recherché, avec ardeur, par le chevalier Arjuna – du pôle purement humain au pôle vraiment spirituel, qui se traduit par une alliance consciente, et de plus en plus permanente et efficace, entre la ” fine pointe de l’âme ” présente et engagée sur le champ de bataille et l’Ego divin dont elle constitue le poste avancé, ici et maintenant.

Dans un certain sens, ce qui était ” l’enfant prodigue ” sur la terre a pris conscience de son hérédité divine – est revenu vers le Père, mais demeure quand même parmi les vivants, pour accomplir une mission supérieure – participer au déroulement harmonieux des décrets de la Loi, et incarner Dieu ici, dans la sphère terrestre.

Cette dimension mystique de la Gîtâ qui parle de yoga spirituel n’est pas aussi clairement visible dans d’autres grands livres, comme les Yoga Sûtra de Patañjali, où les conditions techniques de la voie spirituelle sont énoncées. Krishna n’enseigne pas au disciple la marche à suivre pour obtenir les perfections évoquées plus haut, telles que : lévitation, pouvoirs PSI, etc., mais la Gîtâ fait clairement allusion au 3e Œil, ou œil divin qui est latent dans l’être humain.

L’évolution

Comme on l’a rappelé au début, la Théosophie voit très large lorsqu’il s’agit de l’évolution sur cette Terre : des milliards d’années au total. La première phase d’involution de l’Esprit dans la matière est révolue depuis la naissance de l’homme soi-conscient. Il reste à parcourir la phase ascendante d’évolution, permettant à la conscience de se dégager de la matérialité la plus dense, remonter au niveau d’origine et opérer la pleine communion avec l’Esprit divin Universel.

En remontant vers le plan de l’Esprit, l’évolution va passer en sens inverse à travers les niveaux parcourus au cours de l’involution, cette fois de moins en moins matériels, jusqu’au degré spirituel le plus éthéré. C’est dire que, une fois toute l’expérience utile récoltée sur le plan physique, l’évolution se poursuivra pour nous de façon continue et consciente dans la sphère astrale, et cela jusqu’à ce que, toute l’expérience utile ayant été récoltée sur ce niveau, l’activité des êtres change encore de théâtre d’opération vers des plans de plus en plus élevés.

En clair, notre itinéraire (où la réincarnation ininterrompue nous entraîne, sous le contrôle de karma) va nous mettre de plus en plus en rapport avec l’astral, jusqu’à ce que nous n’ayons plus finalement de corps physique, et vivions entièrement dans la sphère astrale. Cela suppose que nos sens psychiques, avec les pouvoirs correspondants, vont s’éveiller progressivement, pour devenir totalement opérationnels dans l’avenir. Ces sens pourront fonctionner bien avant que nous n’ayons plus de corps matériels : à nous de les accueillir en nous, à mesure qu’ils se révéleront actifs, et de les utiliser au mieux, avec la conscience que ce surcroît de pouvoirs comporte pour nous une responsabilité de plus en plus grande, en augmentant considérablement notre champ d’action et notre capacité d’intervention dans tous les domaines de notre vie humaine. Imaginons les conséquences karmiques qu’entraînerait aujourd’hui l’éveil brusque de la clairvoyance, du pouvoir d’influencer les autres par la pensée, de déplacer les objets à volonté, etc. chez tous les êtres humains.

Comme l’indique Mme Blavatsky dans la Doctrine Secrète, l’humanité a pris du retard sur son programme d’éveil et d’épanouissement intérieur, en raison de la tyrannie des passions, de l’égoïsme et de la séparativité. Le développement de l’intelligence, au détriment de la dimension spirituelle (avec la paralysie du 3e Œil), n’a pas été accompagné d’un développement correspondant du sens moral : d’où le danger permanent qui pèse non seulement sur l’humanité mais aussi sur la planète entière.

Il y a donc grande urgence à ce que l’homme – individuellement et collectivement – découvre la réalité et les perspectives de sa destinée divine, pour la prendre en main dans toute la mesure du possible.

En résumé, il n’est pas dit que les pouvoirs psychiques soient inutiles, ou à écarter comme dangereux : étant naturels, ils ont leur nécessité et leur utilité. De même que les sens physiques ont leur nécessité et leur utilité mais ne peuvent servir de guide pour l’homme intérieur appelé à incarner le Divin, de même les sens psychiques ne doivent servir de guides pour s’élever vers le spirituel.

Fascinés comme nous le sommes par les merveilles du monde physique, la même fascination nous guette souvent lorsque nous entrerons dans la sphère astrale. À nous de ne pas nous arrêter en chemin, de continuer la quête de l’Esprit là où il se trouve : dans les replis cachés les plus secrets du cœur.

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